Un système de pompage solaire et un nouveau réservoir d’eau pour garantir le droit à l’eau potable à 3000 personnes ont été inaugurés à Lafond-Jacmel par l’ambassadeur d’Espagne en Haïti, Marco Antonio Peñín Toledano, et le nouveau directeur général de la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA), l’Ingénieur Théophile Ostinvil, accompagné du directeur du bureau régional pour le Sud, Philippe Eliscar et de Lourdie CESAR, Mairesse de Jacmel. 

Avec la mise en service de cette centrale de pompage solaire, les travaux annexes de mise en œuvre de 7,6 km de canalisation réalisés avec le financement du fonds de coopération pour l’eau et l’assainissement (FCAS) de l’Agence Espagnole de Coopération (AECID) les années précédentes sont achevés. En Haïti, le fonds dispose d’un budget de 101 millions de dollars. Une fois le programme finalisé, 1,4 million d’habitants sur l’ensemble du territoire en auront bénéficié. 

Pour assurer la pérennité et la gestion commerciale, outre les investissements dans les infrastructures, le Fonds de Coopération en Eau et Assainissement pour l’Amérique Latine (FCAS) de l’AECID œuvre au renforcement institutionnel de la DINEPA, tant au niveau central que dans ses agences décentralisées, les villes intermédiaires et les zones rurales. 

Depuis 2010, en incluant les fonds multilatéraux, l’investissement total dans le secteur de l’eau et l’assainissement de l’Agence espagnole de coopération a atteint 170 millions de dollars. De ce fait, des villes telles que Jérémie, Hinche, Petite Goâve, Fort Liberté, Saint Louis du Nord, Miragoâne, Aquin et Cap-Haïtien disposeront au fur et à mesure de services d’eau potable sûrs et durables, au bénéfice de la population et du développement d’Haïti. 

En plus des progrès réalisés dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, au cours de la visite de l’ambassadeur d’Espagne une évaluation des principales interventions dans le domaine de la sécurité alimentaire et de l’éducation a été faite avec l’accompagnement des autorités nationales et locales, des partenaires des organisations multilatérales et des ONG internationales et locales. 

En Haïti, 50 % de la population, soit environ 5,3 millions de personnes, sont en phase 3+ d’insécurité alimentaire. Dans le département du sud-est, une zone de concentration géographique de la coopération espagnole, environ 11 millions d’euros sont en cours d’être investis par l’AECID à travers ses partenaires d’exécution dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de 34 000 ménages de la région. 

L’une des initiatives les plus pertinentes pour répondre à cette crise est le Programme de Cantines Scolaires du ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) auquel le Bureau d’Action Humanitaire de l’AECID contribue à travers le Programme Alimentaire Mondial (PAM). L’ambassadeur a pu apprendre de première main, avec le directeur adjoint de cette organisation, Erwan Rumen, l’opérationnalisation du programme : depuis le centre de collecte des aliments frais et secs achetés localement, géré par l’ONG locale CROSE, aux écoles qui font partie du programme, où les aliments sont reçus et préparés par des cuisinières de la communauté. Près de 9 000 élèves de 34 écoles du département du Sud-Est reçoivent un repas chaud pendant les journées scolaires grâce au financement de l’AECID par le biais de ce programme. Plus de 2 500 de ces enfants sont issus de familles qui ont été déplacées de la capitale en raison de la violence incessante des groupes armés. 

En mettant l'accent sur le lien entre l'action humanitaire et le développement, l'un des paris de ce programme de cantines scolaires promu par l'Agence est d'acheter des aliments produits localement. Il s'agit donc d'une action intersectorielle, qui contribue à 3 objectifs principaux : renforcer la santé des enfants, contribuer à la persévérance et a un meilleur rendement scolaire et soutenir les agriculteurs du territoire. De plus, afin d'apporter une réponse plus efficace à la crise alimentaire et nutritionnelle en Haïti, l'AECID promeut activement le travail collaboratif. C'est dans cet objectif que l'Alliance PROSAN a été créée en 2021, sous la coordination du ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR), et de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) avec plusieurs organisations locales et internationales telles que CESAL, Croix-Rouge espagnole, Alliance pour la solidarité/Action-Aid, MIPROS, CROSE, Tèt Kole, Solidarité Internationale et plus récemment Helvetas. Avec le représentant de la FAO en Haïti, Pierre Vauthier, l'Alliance a présenté ses réalisations au nouveau Directeur départemental de l'Agriculture du Sud-Est, l'agronome Adler Lafleur. 

La visite a inclus dans ce secteur un suivi des interventions de développement agricole financées par l'Agence dans la section communale du Haut Cap Rouge dans la commune de Jacmel. L'organisation bénéficiaire, le Mouvement d'intégration pour la promotion sociale (MIPROS), a montré les parcelles des agriculteurs qui ont bénéficié de semences, d'outils agricoles et d'un système d'irrigation goutte à goutte mobile, ainsi que de formations pour diversifier leur production.  Avec plus d'un million d'euros exécutés à travers cette ONG haïtienne, 460 familles en ont bénéficié à ce jour, auxquelles s'ajouteront, dans la troisième phase qui commence maintenant, 150 nouvelles familles qui recevront des semences, parmi lesquelles 50 auront de nouvelles parcelles avec des systèmes d'irrigation, et environ 1,800 agriculteurs pourront vendre leur production sur les marchés voisins grâce à la réhabilitation des routes rurales très dégradées. De plus, pour favoriser l'autonomie des femmes et la création d'emplois, le démarrage de 50 microentreprises génératrices de revenus sera accompagné. 

La mission s'est clôturée par une visite à l'Université publique du Sud-Est à Jacmel (UPSEJ) et à certaines des écoles bénéficiaires du projet Edukayiti, dont la période de mise en œuvre vient de s'achever. Dans le cadre de ce projet, qui avait disposé de 2,65 millions d'euros de fonds délégués à l’AECID par l'Union européenne, exécutés par le ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) et par la Faculté de Linguistique Appliquée de l’Université d’État d’Haïti, 1800 étudiants et 100 managers du MENFP et de l'UPSEJ ont participé à une initiative pilote qui promeut l'enseignement en créole haïtien et une approche de pédagogie active, comme base d’un meilleur apprentissage en langue maternelle à la base et d’une formation multilingue à partir du deuxième cycle de l’éducation fondamentale.